RUBENSTEIN Matthew, pianiste

Matthew RUBENSTEIN © Matthew Rubenstein


Le site du pianiste Matthew RUBENSTEIN


 

Né à Washington D.C., Matthew Rubenstein s’adonne à la musique dès l’âge de cinq ans. Il suit ses études de piano sous la direction de Ian Hobson à l’Unitée Constance Keene à la Manhattan School of Music, et de Jerome Lowenthal à la City University of New York et se perfectionne avec Daisy de Luca à Sao Paulo. Lauréat des concours internationaux de piano (Artists International Auditions, New York City ; Concours Bartok-Kabalevsky-Prokofiev à Radford, Virginia ; Concours Les City). En 1999, il gagne une bourse de la Fondation Fulbright pour compléter ses études à Berlin, où il réside actuellement.

Matthew Rubenstein donne des concerts en soliste ou dans des formations diverses de musique de chambre en Europe, au Brésil, aux États-Unis et en Côte d’Ivoire. Il se consacre à la musique contemporaine comme à la découverte des œuvres de compositeurs moins connus et oubliés. Son premier disque avec l’intégrale des œuvres d’Aribert Reimann (CPO) reçut les éloges unanimes de la presse, et son deuxième disque consacré aux compositeurs du ‟Groupe de Novembre” à Berlin dans les années 20 (Berlin Classics) est classé parmi ‟les meilleurs de l’été 2011” par le Berliner Tagesspiegel. Son troisième disque propose des œuvres du compositeur allemand Heinz Tiessen (Toccata Classics) ; Michel Fleury (Classica, 2016) écrit: « La riche palette sonore de Matthew Rubenstein rend parfaite justice aux humeurs changeantes et contrastées de cette musique magistrale et insolite ». En 2020, Toccata Classics édite son quatrième disque avec des œuvres du compositeur franco-roumain Marcel Mihalovici. Son prochain projet porte sur Gabriel Fauré et la jeune Avant-garde française chez Deutschlandfunk, Berlin.

Le texte du label Toccata Classics pour le disque Marcel MIHALOVICI :

Marcel Mihalovici (1898-1985) : Sonatine , op. 11, Quatre Caprices, op. 29, Ricercari op. 46*, Quatre Pastorales, op. 62, Sonate, op. 90*, Passacaille (pour la main gauche), op. 105 ( * : Premier enregistrement mondial). L’École de Paris était un groupe de compositeurs d’Europe centrale et orientale qui ont élu domicile dans la capitale française dans les années 1920 et 1930. L’un d’eux était Marcel Mihalovici, né à Bucarest en 1898 et vivant à Paris de 1919 jusqu’à sa mort en 1985. Un des compositeurs les plus importants du XXe siècle et qui n’a pas encore reçu la reconnaissance qui lui est due. C’est le premier album dédié à sa musique pour piano qui retrace son évolution stylistique, le premier opus mélange d’insouciance française, d’échos de la musique folklorique d’Europe contrapuntique néoclassique prenant progressivement une tournure plus dure, mêlant Bartók et Bach. Il se termine par une passacaille monumentale pour la main gauche, une des pièces les plus redoutables de la littérature pour piano.

Réponse à un questionnaire de Jean Alain Joubert, février 2021

Je suis né à Washington D.C. où j’ai passé une partie de mon enfance, l’autre à Chicago. L’exception fut une année clé de mon enfance que j’ai passé en France, à Aix-en-Provence, lorsque j’avais 10 ans. 

Mes parents jouaient du piano comme passe-temps – mon père adore surtout le jazz – et la musique avait une place très grande dans notre famille. J’ai pris mes premières leçons de piano à 5 ans, mais je n’aimais pas du tout répéter – je ne voulais qu’improviser ou jouer des morceaux que je connaissais déjà ! Ce n’est qu’à l’âge de 12 ans que j’ai commencé à répéter sérieusement. À 13 ou 14 ans, j’ai abandonné l’idée de devenir compositeur pour me consacrer uniquement à l’instrument. 

Depuis mon enfance je joue encore et toujours du Bach, et bien sûr, du Beethoven. En même temps, depuis que j’ai passé cette année en Provence, que ce soit par hasard ou à dessein, j’ai eu toujours des liens très forts avec la musique française. Mon professeur à Washington DC, quand j’avais 14 ans, était Charles Timbrell, qui à cette époque faisait des recherches pour son livre sur le Pianisme français. Après mes études à l’Université d’Illinois dans la classe d’Ian Hobson, j’ai passé 18 mois au Brésil, où j’ai étudié avec le professeur Daisy de Luca, elle-même ancienne élève de Magda Tagliaferro dans les années 60.  Enfin, à New York mon dernier professeur a été Jerome Lowenthal, ancien élève de Cortot.

Quant à mes préférences actuelles, c’est une question à laquelle il est très difficile de répondre. Comme presque chaque pianiste, je reviens toujours à la musique ‟centrale” du répertoire : Bach, Beethoven, Schumann, Chopin, etc… En outre, je me sens fortement attiré par l’inconnu, l’inédit, l’oublié, que ce soit dans la musique contemporaine ou historique. Je ne comprends pas du tout le désir de recréer ce qui a déjà été recréé des centaines ou des milliers de fois par les plus grands artistes. J’aime bien la sensation de la découverte, et l’idée d’une certaine manière de pouvoir être utile pour des compositeurs – par exemple Marcel Mihalovici – qui en ont réellement besoin !

Je dirai que j’ai un penchant particulier pour la musique de la première vague atonale ; souvent ce sont des compositions à la frontière entre la tonalité et l’atonalité, comme Charles Ives ou Roger Sessions dans le contexte américain. Marcel Mihalovici s’inscrit bien dans ce tableau. Dans sa musique, j’adore ce qu’on pourrait peut-être appeler la concurrence entre son ‟constructivisme” et sa ‟sentimentalité”, ou bien entre sa modernité et son romantisme, particulièrement évidente dans la Sonate et les Ricercari. Il y a chez lui une pulsion lyrique et sentimentale – parfois associée aux éléments folkloriques roumains – en tension avec des tendances ironiques, des moments de fragmentation, de bruitage, etc. Mais il y a toujours un jeu de couleurs très fort, que ce soit l’obscurité presque impénétrable de la Passacaille pour la main gauche ou les couleurs éclatantes du dernier mouvement de la Sonate

Actuellement, je travaille sur deux projets d’enregistrement complètement différents. Le premier est consacré au groupe hétéroclite de compositeurs issus de la classe de Gabriel Fauré au Conservatoire de Paris au début du XXe siècle : Enescu, Schmitt, Roger-Ducasse, Ladmirault et Ravel, parmi d’autres. Mon intention est de publier un CD à temps pour le centenaire de la mort de Fauré en 2024. 

L’autre projet est un écart par rapport à mes enregistrements précédents. Il s’agit du premier enregistrement sur le piano moderne de la musique du grand organiste et maître des préludes choraux à Hambourg, à la fin du 17e siècle, Johann Adam Reincken. Ce qui me fascine dans ce projet est – au-delà de l’immense beauté de son œuvre ! – l’idée de ‟resituer” cette musique dans la tradition du piano moderne, bien qu’il y ait beaucoup d’auditeurs, de musiciens et de critiques qui la regarderont comme la possession unique des spécialistes des instruments ‟authentiques”! Cela flatte un peu mon côté iconoclaste – un des aspects de ma personnalité que je n’ai guère l’occasion d’exprimer en tant que pianiste. 

 

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